Il a le goût du théâtre de tréteaux, l’amour des bons mots et un humour goguenard que n’aurait pas renié Molière : Jérôme Deschamps met en scène l’une des pièces les plus célèbres du répertoire français, une grande comédie humaine, toujours aussi frappante d’actualité.

Le vieil Harpagon, veuf acariâtre, n’a plus d’yeux ni d’oreilles que pour sa cassette pleine d’or ! Malade d’avarice, il soumet son entourage à une tyrannie d’austérité, jusqu’au mariage de sa fille qu’il entend décider dans son seul intérêt.

Face à lui, de jeunes gens aussi lucides que malicieux vont orchestrer une habile riposte pour renverser la situation.

Dans cette comédie de caractère en cinq actes, pleine de rebondissements, Molière distille avec finesse les vices et les complexités de l’âme humaine, dans une prose servie à merveille par une excellente troupe de comédiens.

Dans une sobriété toute de circonstance, que ce soit pour la scénographie ou les costumes, Jérôme Deschamps fait sonner, avec justesse, les joutes oratoires de ce texte dont le sens ne s’épuisera jamais. Qu’il s’agisse du patriarcat, de la place des femmes, des rapports de classe ou de pouvoir en général, la pièce aborde en effet des questions qui ne cessent de diviser aujourd’hui, que ce soit dans la sphère domestique ou dans la société.

Homme de théâtre et de cinéma français popularisé par son invention, avec Macha Makeieff, de la Famille Deschiens, dès 1978, Jérôme Deschamps a été directeur artistique du Théâtre de Nîmes avant de diriger le Théâtre national de l’Opéra-Comique de 2007 à 2015. Après plus de quarante ans d’une carrière exceptionnelle, il remonte sur les planches pour s’offrir un rôle en or : un Harpagon en costume d’époque, ridicule et burlesque, certes, mais plus mystérieux qu’il n’y paraît. Il nous invite à redécouvrir ce chef-d’œuvre intemporel de Molière.